Comment Apprendre le Néerlandais quand on vit aux Pays-Bas : Conseils, Méthodes et Retour d’expérience
Quand nous avons posé nos valises à Leiden il y a presque trois ans, j’ai rapidement décidé de me lancer dans l’apprentissage du néerlandais. Pas par obligation – ici, presque tout le monde parle un excellent anglais – mais par envie de m’intégrer un peu plus, de comprendre ce qui se disait autour de moi… et de pouvoir discuter autrement qu’avec des gestes avec les parents des copains de ma mini.
Spoiler : je suis encore loin du bilinguisme. Mon niveau est quelque part entre A2 et B1, et j’ai un vocabulaire plutôt axé parc et jeux (je peux dire “balançoire” et “toboggan” sans hésiter, impressionnant n’est-ce pas?!). J’ai surtout découvert que l’apprentissage du néerlandais, c’est bien plus qu’une question de grammaire et de vocabulaire : c’est un nouveau défi génial pour mon cerveau de trentenaire, plein de petites victoires, de fous rires… et d’un brin de frustration.
La vérité, c’est qu’on peut très bien vivre ici sans parler un mot de néerlandais. Les Néerlandais sont incroyablement à l’aise avec l’anglais, et ce dans presque toutes les situations du quotidien : dans la rue, chez le médecin, au supermarché, dans les transports. Cela rend la vie plus simple, surtout à l’arrivée.
Mais rapidement, un petit malaise s’installe. Celui de devoir demander à quelqu’un de “switcher” en anglais. De se sentir un peu à l’écart lors d’une réunion d’école ou d’un apéro de voisins. Et surtout, de ne pas pouvoir interagir naturellement avec les enfants du quartier ou même avec les copains de sa mini. On est là, on écoute, on sourit, mais on reste un peu à côté. Alors non, parler néerlandais n’est pas obligatoire. Mais c’est un vrai plus. Un petit geste de politesse aussi, que beaucoup de Néerlandais apprécient sincèrement. Et pour moi, une manière de me sentir un peu moins « expat » dans ce pays… et un peu plus chez moi.
Dans cette grande aventure linguistique, je ne suis pas seule. Ma fille, elle, s’est fondue directement dans le bain néerlandais. Entre la crèche, la nounou et maintenant l’école, elle parle couramment…donc bien mieux que moi. Et elle me reprend même sur la prononciation, me fait répéter les mots que je massacre, et parfois même me propose une petite traduction. Ce décalage entre nos apprentissages est à la fois frustrant et attendrissant. Elle intègre spontanément des mots néerlandais dans ses phrases en français, ce qui donne lieu à des dialogues mi-néerlandais, mi-français, souvent incompréhensibles pour le commun des mortels, mais pleins de charme. Son accent commence même à prendre des intonations néerlandaises quand elle parle français – un vrai mélange de nos deux mondes.

Apprendre une langue étrangère à l’âge adulte, ce n’est pas aussi fluide qu’à trois ans. J’ai testé différentes méthodes, avec plus ou moins de succès. Pendant plus de deux ans, j’ai utilisé Duolingo quotidiennement. C’était motivant, rapide, et parfait pour construire un petit socle de vocabulaire. Mais cela ne suffit pas à parler, encore moins à comprendre la grammaire ni les structures de phrases. Alors j’ai complété par des cours particuliers à domicile. Une prof géniale, qui venait chaque semaine, et avec qui j’ai finalement développé une vraie amitié. Grâce à elle, j’ai pu progresser plus vite et surtout oser parler.
Au quotidien, je tente d’appliquer ce que j’apprends : discuter avec les voisins, poser des questions aux instituteurs, échanger quelques mots avec les commerçants. Je suis souvent limitée à des conversations très simples… mais chaque interaction me donne un petit boost de confiance. J’ai aussi essayé d’écouter la radio néerlandaise, ou des podcasts. Mais mon cerveau n’est toujours pas prêt : au bout de quelques minutes, je déconnecte complètement, et cela devient un simple fond sonore. Pas très efficace. Aujourd’hui, j’utilise l’application Babbel pour entretenir mes bases, et j’essaie surtout d’intégrer le néerlandais dans ma vie quotidienne.
Au fil des mois, j’accumule quelques petites victoires. Comprendre les mails de l’école sans sortir Google Translate ou Deepl. Réussir à faire mon marché et mes balades en ville en full néerlandais. Bavarder cinq bonnes minutes avec les voisins avant de basculer en anglais. Et même garder des copines de ma fille quelques heures à la maison. Il y a évidemment aussi des moments plus frustrants. Heureusement, les Néerlandais sont en majorité très encourageants. Mes voisins me félicitent pour mes efforts. Les commerçants du marché prennent le temps de m’écouter (et parfois de m’apprendre un nouveau mot). Dans les grandes enseignes ou à la gare, c’est une autre histoire : dès qu’ils entendent mon accent, ils switchent en anglais, sans même me laisser finir ma phrase. Rapide… mais un peu vexant.

Aujourd’hui, je suis loin de pouvoir tenir une conversation politique ou lire un roman néerlandais. Mais mon objectif est simple : pouvoir tenir une discussion basique pendant une trentaine de minutes, sans changer de langue. Parler de la météo, des enfants, du weekend, poser une question, répondre…C’est modeste, mais atteignable. Et surtout, c’est motivant. Parce qu’apprendre une langue, ce n’est pas seulement cocher des niveaux sur une appli. C’est aussi (et surtout) oser se tromper, se corriger, rire de ses erreurs… et recommencer.
Bref, apprendre le néerlandais ici, ce n’est pas indispensable… mais c’est un vrai pas vers l’intégration. Cela crée des liens, ouvre des portes, et change peu à peu notre regard sur notre vie d’expatriés. Je ne parle pas encore couramment, et je me fais encore corriger par une petite personne de quatre ans, mais j’avance. Un mot à la fois. Une phrase par jour. Une discussion qui dure un peu plus longtemps chaque semaine.
Et vous ? Où en êtes-vous avec le néerlandais ? Est-ce que vous vous y êtes mis ? Racontez-moi vos astuces, vos blocages… et vos meilleurs mots impossibles à prononcer !